Joaquim Manuel Magalhães : 50 ans de poétique de destruction la plus radicale

Résumé

L'année 2024 a marqué le cinquantième anniversaire de l'activité du poète Joaquim Manuel Magalhães, dont l'œuvre a profondément marqué le champ littéraire portugais depuis 1974, année de la publication de son premier recueil de poésie, Consequências do lugar. Cet article présente une brève chronologie de cet écrivain et critique portugais de renom, ainsi que quelques-unes de ses œuvres et poèmes les plus marquants, en cherchant à le situer dans le panorama poétique contemporain du Portugal. Avec une œuvre souvent considérée comme controversée, Magalhães est cependant reconnu pour son écriture résistante, à travers laquelle il a adopté, tant dans le domaine de la création lyrique que sur le plan théorique de l'analyse, une position critique vis-à-vis de la contemporanéité, en identifiant les déviations de la société portugaise post-révolutionnaire. Avec un langage sarcastique et mordant, il a parlé d'une réalité dominée par les ruines, tant sociales qu'économiques, une réalité souvent présentée dans ses poèmes à travers des images de décadence et de dégradation. Cette imagerie détériorée se reflète dans le discours et prend des contours formels saisissants lorsque l'auteur décide de détruire littéralement toute son œuvre publiée jusqu'en 2010 en publiant Um awning vermelho, un volume unique dans lequel il ne rassemble que des fragments de poèmes publiés en 36 ans d'activité littéraire. Ce livre subit une opération complète de transformation et d'annihilation, faisant de ce livre un jalon de la poétique dite de la destruction. L'auteur réitère cette action en 2018 avec le livre Para comigo et, en 2021, avec la publication de Canoagem.